L'approvisionnement des restaurants d'altitude
Il est midi ! Après 3 bonnes heures à dévaler les pistes du domaine skiable, votre estomac commence à crier famine. Pas question pour autant de perdre ne serait-ce qu’une miette du paysage qui vous entoure ! C’est décidé : votre déjeuner, vous le prendrez dans un restaurant d’altitude. Mais au fait… quel chemin a parcouru ce burger avant d’arriver dans votre assiette ? Visite guidée dans les coulisses de l’approvisionnement des restaurants d’altitude.
Une indispensable préparation en amont
Un seul mot d’ordre : l’or-ga-ni-sa-tion ! Pour nourrir des milliers de skieurs affamés, pas de place pour l’improvisation. Ainsi, tous les produits qui se conservent (épicerie, produits secs, boissons…) sont emmagasinés bien avant la saison.
Ainsi, au Panoramic, ce sont entre 100 et 140 palettes de denrées qui sont acheminés via le funiculaire fin août / début septembre.
Une course contre la montre
Chaque matin, plusieurs centaines de kilos de produits frais rejoignent les cuisines des restaurants d’altitude du domaine via le funiculaire (pour le Panoramic), en télécabine (pour la Tovière) ainsi qu’en dameuse ou en motoneige (pour le restaurant Lo Soli).
Jean-Michel Bouvier (Le Panoramic) : « Nous avons fait le choix de préparer nous-même la très grande majorité de nos produits, même au self (gnocchis, pâtes, sauces, pains à burgers etc.). Cela implique que nous devons monter entre 1 et 2 tonnes de produits frais chaque matin via le funiculaire » (voir vidéo ci-dessous, de 8 à 12 secondes).
Responsable du restaurant Lo Soli : « Nous avons acheté une dameuse pour monter les produits frais. C’est le prix de l’indépendance : on ne dépend plus des remontées ».
Acheminer les denrées du camion de livraison jusqu’au restaurant, préparer la terrasse, lancer les fourneaux : c’est une véritable petite armée qui se met en marche pour le plaisir de vos papilles.
« 20 à 25 personnes sont mobilisées à l’ouverture… et à la fermeture ! N’oublions pas qu’il faut ensuite redescendre tous les déchets ».
Jean-Michel Bouvier (Le Panoramic)
Au restaurant de Lo Soli, jusqu’à 20 personnes descendent réceptionner les livraisons de produits frais. Et quand il n’y a plus de place sur la dameuse, ils remontent couchés sur les cartons !
Quand tout se passe bien, l’approvisionnement se déroule entre 8h30 et 9h15 pour le Panoramic (en hiver) et à partir de 7h pour le restaurant Lo Soli. Mais la nature étant ce qu'elle est, le plan ne se déroule pas toujours sans accroc !
Des conditions parfois extrêmes
Quand la météo est clémente, l’acheminement des produits frais se fait sereinement. C’est une toute autre histoire s’il est tombé plusieurs dizaines de centimètres de neige durant la nuit ! Route difficilement praticable par les camions de livraison, transport épique des marchandises jusqu’aux remontées mécaniques, accès quasi impossible à l’entrée du restaurant… Tout se complique dès que les précieux flocons sont au rendez-vous en quantité.
Jean-Michel & Clément Bouvier (Le Panoramic) : « Imaginez que vous devez traverser le front de neige du Val Claret avec de la neige jusqu’aux genoux et des cartons remplis de produits frais pleins les bras… ça réveille ! Parfois, on arrive là-haut (NDLR : sur la terrasse du Panoramic, à 3032 m d’altitude), et il y a plus d’1,50 m de neige sur la terrasse. Pas simple de se frayer un chemin pour atteindre l’entrée du restaurant… Il y a alors un énorme travail de déneigement avant de pouvoir véritablement commencer la journée ».
Crédit photo : Le Panoramic
Au restaurant Lo Soli, on déjoue les grands froids en montant les fruits et légumes dans la cabine de la dameuse pour éviter qu’ils ne gèlent pendant les 10 minutes de trajet.
On en rigole… après !
Dans de telles conditions, les restaurateurs d’altitude ont toujours une anecdote à raconter.
Jean-Michel & Clément Bouvier (Le Panoramic) : « L’hiver dernier, nous avons commandé un frigo… il nous a fallu deux semaines pour le monter au Panoramic ! Impossible de le monter avec le funiculaire. Nous avons donc fait appel à un hélicoptère… qui n’a jamais pu se poser à cause du vent ! Finalement, nous avons dû le transporter en dameuse ».
« Il est déjà arrivé que l’on charge un peu trop la dameuse ! On a failli resté bloqués sur la piste à cause du poids... On s’en est finalement sortis en creusant de gros trous dans la piste. Les pisteurs n'étaient pas vraiment ravis..."
Le responsable du restaurant Lo Soli
Alors, vous regardez votre burger d’un œil neuf ?